Quand les 10 randonneurs arrivent à Belleydoux il ne pleut pas encore , la température n’est pas caniculaire ( 12 ° ) et la grisaille sévit encore ; un vrai temps d’automne . Ce village de 320 hab est situé dans l’Ain à proximité d’Oyonnax et de St Germain de Joux et à 3 km du Jura .
Nous sommes garés devant l’imposante fromagerie construite en 1908 , fleuron du modernisme à l’époque . Depuis 4 ans une brasserie artisanale a investi les lieux : la Piva du nom des pives ( cônes d’épicéas ) . Nous débutons la rando par une descente ce qui n’est pas commun , direction l’église et le monument aux morts ; les PONCET et HUMBERT sont majoritaires . En face de nous nous apercevons la Roche Fauconnière , une falaise calcaire de 150 m En 2023 , depuis Giron nous avions pu accéder à son belvédère . Nous poursuivons la descente à travers des pâturages plus ou moins laissés à l’abandon car en forte déclivité . Des moutons de la race Thônes et Marthod (race rustique originaire de Savoie à la robe blanche et aux marques noires au niveau des oreilles , yeux et du museau ) agitent leur sonnailles à notre passage mais pas de patous .De jolies maisons fleuries agrémentent notre parcours et bientôt le viaduc sur la Semine qui relie Belleydoux à Giron est en vue ; il a été achevé en 1927 . Nous empruntons le sentier ludique du cirque d’ORVAZ ; le taux d’humidité est au maximum , en contrebas coule cette rivière sauvage et trépidante qui prend sa source à la Combe d’Evuaz sur la commune de la Pesse .
Le cirque d’Orvaz vous présente un spectacle inédit : 10 stations de découverte avec mobilier à tester pour faire le spectacle ( acrobatie , voltige , équilibre etc ) Nous n’essayons pas ou très peu , les sentiers sont glissants et nous pourrions bien involontairement devenir des artistes . Soudain un crachin nous oblige à sortir les capes , des fumeroles cachent les rochers mais nous gardons le moral . Nous déambulons dans le hameau d’Orvaz : une dizaine de maisons dont des résidences secondaires , un four , un lavoir , des prairies avec des vaches , le tout encerclé par les falaises . Sensation d’être protégé ou d’étouffer….. chacun son ressenti !
A présent on a bien compris qu’il va falloir monter pendant environ une heure . Nous quittons les prés pour rentrer dans la forêt , le sentier longe un bief à sec, la pente est de plus en plus rude , les arbres dégouttent et nous aussi ! Nous transpirons sous nos pèlerines .
Un petit replat nous a fait croire que c’était gagné mais non ! nous nous engageons dans la terrible montée du facteur rendue encore plus difficile car « çà reglisse » Petite pause à chaque virage , plus de bavardages ,un coup de barre , des abricots secs et des amandes et çà repart ( merci Roger ) Vaille que vaille tout le monde arrive sur le plateau de « sur la Roche » mais pour le point de vue il faudra revenir ; un épais brouillard enveloppe la campagne . La colonne de fantômes recherche un abri pour manger . Première maison habitée mais personne ne répond , nous découvrons une remise mais elle est trop petite , nous rencontrons des randonneurs de Chatillon en Michaille en perdition sur cette petite route . La pluie s’intensifie , nous poursuivons notre quête tel des migrants à la recherche d’un toit . Une gentille dame nous ouvre sa porte mais hélas pas de place pour nous recevoir . Soudain Miracle le ciel se déchire et laisse filtrer des rayons de soleil et la pluie cesse . Les gros cailloux le long du chemin font office de sièges ; on peut manger . Des génisses curieuses sont intriguées par ces humains et s’approchent mais elles sont surtout intéressées par les croquettes de Pagneul ,le pauvre n’est pas tranquille.Il est obligé de les grapiller une par une . Le soleil est revenu , nous pouvons longer les falaises prudemment ( un éboulement s’est produit en 2021 )
Nous admirons les roches d’Orvaz alt 1270 m , les murailles calcaires sont friables et laissent apparaitre des failles créées par l’érosion . Nous surplombons cet amphithéâtre et nous devinons notre itinéraire parcouru depuis ce matin . Maintenant profil descendant que du bonheur ! Nous passons au carrefour du Bugnon et j’ai une pensée émue pour mon père qui distribuait le courrier depuis les Bouchoux pour les habitants de sur La Roche côté Jura . Nous nous engageons dans un sentier humide et nous dévalons jusqu’au hameau de Gobet .
Nous prenons la direction de la chapelle Ste Anne qui veille sur les voyageurs depuis 1858 . il fait chaud alors une halte s’impose pour recharger les accus .Nous poursuivons notre périple sur les hauteurs de Belleydoux , les cultivateurs n’ont pas commencé les foins , nous surprenons un chevreuil bondissant dans les hautes herbes . Une joggeuse bavarde , nous raconte sa vie ; elle est radioactive : il faut faire gaffe ! Nous regagnons le point de départ contents et fiers d’avoir pu conjurer cette météo capricieuse et d’avoir parcouru 15 km avec un dénivelé de 550 m. Petite déception la brasserie est fermée ; nous descendons à St Germain pour nous requinquer devant une petite mousse et terminer la journée de façon conviviale .