L’été semble enfin s’installer, mais randonner sous la chaleur ce n’est pas trop notre tasse de thé , alors nous avons choisi le Ht Jura Sud et plus précisément La Pesse et le secteur de la Borne aux Lions . Nous sommes 16 au départ du parking des pistes de fond mais cette fois pas de badges à présenter à l’Anglais ! Nous sommes surpris par la fraîcheur ambiante ( 4 à 5 ° en moins qu’en Bresse ) . nous empruntons un large chemin blanc au milieu des bois qui se rétrécit et devient plus boueux . Des chanterelles pointent leurs chapeaux orangés ,il y a des fraises des bois mais pas de framboises .
Le sentier des ânes nous emmène au col du Nerbier ( 1350 m ) , le crêt de Chalam qui se situe dans l’Ain dresse son sommet pointu ( 1540m ) mais aujourd’hui nous allons le laisser de côté pour mettre en valeur un autre crêt plus ensoleillé . Les prés sont peu pâturés et les fleurs poussent en abondance avec une vraie palette de couleur jaune avec les gentianes , les cocristes , salsifis et millepertuis ; le violet avec les épilobes et centaurées et le blanc avec les marguerites et reines des prés . Nos souliers sont mouillés par la rosée bien présente ce matin .
Alors que nous remontons une combe nous nous égarons momentanément et nous voilà dans la forêt à la recherche d’une piste : mais où est Gilbert ? Coucou coucou mais personne ne répond , Pagneul surgit des hautes herbes et rassemble la troupe . Nous débouchons au col de Malatrait et sa légendaire ferme auberge tenue à l’époque par Etienne Grossiord (souvenirs de succulentes tartes et accueil chaleureux ) . Descente sur le Berbois ;le gîte avec yourte et tipis et le centre équestre sont en pleine activité .
Finalement nous atteignons le site de la Borne aux Lions . Ancienne borne frontière posée en 1613 entre la France , la Savoie et le royaume d’Espagne ( la Franche Comté était rattachée à la couronne d’Espagne ) . C’est aussi un lieu de mémoire ; en 1943 , 1944 plus de 3000 maquisards originaires de L’Ain et du Jura dirigés par le colonel Romans Petit ont investi ces lieux . Une commémoration annuelle a lieu le 3ème dimanche de juillet et nous avons la chance de visiter l’expo dédiée à Jean Moulin .
Nous admirons les fleurs du jardin botanique .Il est trop tôt pour pique niquer , nous franchissons la barrière canadienne et nous prenons la route des Closettes . En contrebas c’est la ferme de Magras qui a été retapée par un moutonnier ; les prés environnants en pente sont fauchés ce qui évite l’extension de la forêt et des broussailles . Arrivés au col nous quittons la GTJ pour crapahuter dans le sentier herbeux caillouteux qui monte par paliers ( ce qui permet de souffler ) jusqu’au sommet du crêt du Merle (1448 m ) Panorama à 360 degré qui permet de voir la Chaîne des MTs Jura de la Döle jusqu’au Crêt d’Eau et même les Alpes ( aiguilles d’Arves ) et de l’autre côté la Croix des Couloirs et les Hautes Combes du Jura . Cette fois c’est la pause méridienne , nous nous vautrons dans l’herbe autour du cairn sommital .
Nous avons la surprise de rencontrer des Polliatis et des Jasseronnais . Nous poursuivons notre marche en descendant peu à peu sur des traces plus confidentielles , nous longeons des murgés bordés de digitales jaunes , les sangliers ont déversés les pâturages par endroits . Succession de bois , prés abandonnés , zones humides , maison en ruines , peu de traces de civilisation si ce n’est une ancienne carrière avec des engins cachés sous les branches . Le chemin empierré grossièrement nous emmène devant une bétaillère et une caravane et là aussi peu de signes de vie .
Nos randonneurs ont l’imagination fertile et inventent un scénario de roman policier . Nous cheminons dans la combe du Reculet , Quelques résidences secondaires égaient cette campagne . Nous passons devant la ferme équestre de l Enquerne , parc animalier avec petite restauration et camping . On devine 2 chameaux sous les sapins et on a pas fumé !
Il fait chaud pour remonter jusqu’à la ferme perchée de l’éolienne ( ancienne maison des propriétaires des chocolats Monnet de Bourg en Bresse ) . La sapinière est la bienvenue , une forte odeur de résine nous chatouille les narines : d’énormes troncs d’épicéas sont saisis par des pinces géantes pour être déposés sur un grumier au milieu de la route , le bûcheron arrête la manoeuvre et nous laisse passer et c’est le retour au parking . Nos camping caristes ont la gentillesse de nous offrir une collation et de nous désaltérer . Nous ne sommes pas pressés de retrouver la chaleur étouffante de la plaine . Nous aurons bien profité de cette journée dépaysante , reposante et vivifiante : vive le Haut Jura !