La Pesse jeudi 25 juillet 2024

L’été semble enfin s’installer, mais randonner sous la chaleur ce n’est pas trop notre tasse de thé , alors nous avons choisi le Ht Jura Sud et plus précisément La Pesse et le secteur de la Borne aux Lions . Nous sommes 16 au départ du parking des pistes de fond mais cette fois pas de badges à présenter à l’Anglais ! Nous sommes surpris par la fraîcheur ambiante ( 4 à 5 ° en moins qu’en Bresse ) . nous empruntons un large chemin blanc au milieu des bois qui se rétrécit et devient plus boueux . Des chanterelles pointent leurs chapeaux orangés ,il y a des fraises des bois mais pas de framboises .

Le sentier des ânes nous emmène au col du Nerbier ( 1350 m ) , le crêt de Chalam qui se situe dans l’Ain dresse son sommet pointu ( 1540m ) mais aujourd’hui nous allons le laisser de côté pour mettre en valeur un autre crêt plus ensoleillé . Les prés sont peu pâturés et les fleurs poussent en abondance  avec une vraie palette de couleur jaune avec les gentianes , les cocristes , salsifis et millepertuis ; le violet avec les épilobes et centaurées et le blanc avec les marguerites et reines des prés . Nos souliers sont mouillés par la rosée bien présente ce matin .

Alors que nous remontons une combe nous nous égarons momentanément et nous voilà dans la forêt à la recherche d’une piste : mais où est Gilbert ? Coucou coucou mais personne ne répond , Pagneul surgit des hautes herbes et rassemble la troupe . Nous débouchons au col de Malatrait et sa légendaire ferme auberge tenue à l’époque par Etienne Grossiord (souvenirs de succulentes tartes et accueil chaleureux ) . Descente sur le Berbois ;le gîte avec yourte et tipis et le centre équestre sont en pleine activité .

Finalement nous atteignons le site de la Borne aux Lions . Ancienne borne frontière posée en 1613 entre la France , la Savoie et le royaume d’Espagne ( la Franche Comté était rattachée à la couronne d’Espagne ) . C’est aussi un lieu de mémoire ; en 1943 , 1944 plus de 3000 maquisards originaires de L’Ain et du Jura dirigés par le colonel Romans Petit ont investi ces lieux . Une commémoration annuelle a lieu le 3ème dimanche de juillet et nous avons la chance de visiter l’expo dédiée à Jean Moulin .

Nous admirons les fleurs du jardin botanique .Il est trop tôt pour pique niquer , nous franchissons la barrière canadienne et nous prenons la route des Closettes . En contrebas c’est la ferme de Magras qui a été retapée par un moutonnier ; les prés environnants en pente sont fauchés ce qui évite l’extension de la forêt et des broussailles . Arrivés au col nous quittons la GTJ pour crapahuter dans le sentier herbeux caillouteux qui monte par paliers ( ce qui permet de souffler ) jusqu’au sommet du crêt du Merle (1448 m ) Panorama à 360 degré qui permet de voir la Chaîne des MTs Jura de la Döle jusqu’au Crêt d’Eau et même les Alpes ( aiguilles d’Arves ) et de l’autre côté la Croix des Couloirs et les Hautes Combes du Jura . Cette fois c’est la pause méridienne , nous nous vautrons dans l’herbe autour du cairn sommital .

Nous avons la surprise de rencontrer des Polliatis et des Jasseronnais . Nous poursuivons notre marche en descendant peu à peu sur des traces plus confidentielles , nous longeons des murgés bordés de digitales jaunes , les sangliers ont déversés les pâturages par endroits . Succession de bois , prés abandonnés , zones humides , maison en ruines , peu de traces de civilisation si ce n’est une ancienne carrière avec des engins cachés sous les branches . Le chemin empierré grossièrement nous emmène devant une bétaillère et une caravane et là aussi peu de signes de vie .

Nos randonneurs ont l’imagination fertile et inventent un scénario de roman policier . Nous cheminons dans la combe du Reculet , Quelques résidences secondaires égaient cette campagne . Nous passons devant la ferme équestre de l Enquerne , parc animalier avec petite restauration et camping . On devine 2 chameaux sous les sapins et on a pas fumé !

Il fait chaud pour remonter jusqu’à la ferme perchée de l’éolienne ( ancienne maison des propriétaires des chocolats Monnet de Bourg en Bresse ) . La sapinière est la bienvenue , une forte odeur de résine nous chatouille les narines : d’énormes troncs d’épicéas sont saisis par des pinces géantes pour être déposés sur un grumier au milieu de la route , le bûcheron arrête la manoeuvre et nous laisse passer et c’est le retour au parking . Nos camping caristes ont la gentillesse de nous offrir une collation et de nous désaltérer . Nous ne sommes pas pressés de retrouver la chaleur étouffante de la plaine . Nous aurons bien profité de cette journée dépaysante , reposante et vivifiante : vive le Haut Jura !




 

Thoirette jeudi 11 Juillet 2024

C’est de Thoirette que cette rando démarre ; nous sommes 10 prêts à affronter le dénivelé et la chaleur . Pour le moment c’est sous une atmosphère humide que nous quittons le camping , les bandes de brouillard s’évaporent au dessus de la rivière . Ce village de 700 hab se situe dans le Jura sur la rive droite de la rivière d’Ain en aval du barrage de Coiselet .C’est un coin de pêche réputé et c’est le village natal de Xavier Bichat célèbre anatomiste et physiologiste ( 1771 1802 ) .

Nous découvrons le haut de cette bourgade : l’église , la maison du brocanteur ( un ancien cycliste du VCB ) , la fontaine ,des vieilles bâtisses .Nous quittons cet univers ensoleillé et accueillant pour une longue grimpette à travers bois ; c’est raide et en dévers et glissant ; il faut faire attention aux racines . Des arbres obstruent le passage et nous obligent à faire des exercices de souplesse . Quel plaisir d’apercevoir enfin le bleu du ciel et les prés fleuris .

Nous montons par palier jusqu’au point de vue de Turgon ; panorama magnifique sur la confluence de la rivière d’Ain et de la Valouse entourée de falaises . En redescendant on apprécie le paysage verdoyant des prairies de la vallée de la Valouse . Notre arrivée au hameau de Turgon n’attire pas la foule si ce n’est un habitant adepte de la rando très bavard . La petite route goudronnée en lacets nous emmène au hameau de Villette qui respire la quiétude campagnarde . Nous apercevons au loin les tours du château de Cornod et les rochers dénudés de Vosbles par les incendies d’août 2022 et depuis notre reco en 2023 la végétation réapparait petit à petit ) . Une grosse exploitation agricole à l’entrée de Cornod village de 220 hab, un clocher en cuivre , des tracteurs et une petite place : c’est la France rurale .

Nous sommes heureux de faire notre pause dans cet environnement . Ce château nous interpelle : une splendide demeure construite au 14 ème siècle sur les fondations d’un ancien château magnifiquement restauré par un industriel lyonnais qui lui donna son style renaissance , racheté en 2002 par la famille Sieradzki ; il est à vendre pour la modique somme de 25 millions . Avant d’acheter on aurait voulu visiter mais les grilles sont restées fermées . Le parc est bien entretenu . Nous traversons le village endormi et nous découvrons les fortifications qui entourent la propriété et qui séparent les parcelles : un travail de titan ! Il fait chaud , très chaud, la montée sur Thorigna est épuisante , des courants d’air chaud nous coupent la respiration . Enfin de l’ombre , le sentier continue dans la forêt en longeant les murailles de l’arrière du château .

Petite hésitation et nous atteignons la route départementale d’Arinthod que nous empruntons sur 800m . Un chemin herbeux et nous voilà au virage de la route des fours à chaux . Le ciel devient gris , il fait moins chaud . Un large chemin sableux en profil descendant nous emmène sur notre point de départ ; que du bonheur ! oui à condition de ne pas avoir mal à un pied . Une petite bruine nous rafraîchit mais cela ne suffira pas , nous nous précipitons à la Guinguette La Belle Vie pour siffler notre boisson favorite ( çà mousse ) . Pour notre dernière séance avant la reprise en septembre nous aurons parcouru 20 km avec un dénivelé de 600m .

pour tout savoir sur le château:

https://www.cortebil.fr/vente/maison-chateau-34-pieces-cornod-39240,VM296



 

Belleydoux jeudi 4 juillet 2024

Quand les 10 randonneurs arrivent à Belleydoux il ne pleut pas encore , la température n’est pas caniculaire ( 12 ° ) et la grisaille sévit encore ; un vrai temps d’automne . Ce village de 320 hab est situé dans l’Ain à proximité d’Oyonnax et de St Germain de Joux et à 3 km du Jura .

Nous sommes garés devant l’imposante fromagerie construite en 1908 , fleuron du modernisme à l’époque . Depuis 4 ans une brasserie artisanale a investi les lieux : la Piva du nom des pives ( cônes d’épicéas ) . Nous débutons la rando par une descente ce qui n’est pas commun , direction l’église et le monument aux morts ; les PONCET et HUMBERT sont majoritaires . En face de nous nous apercevons la Roche Fauconnière , une falaise calcaire de 150 m  En 2023 , depuis Giron nous avions pu accéder à son belvédère . Nous poursuivons la descente à travers des pâturages plus ou moins laissés à l’abandon car en forte déclivité . Des moutons de la race Thônes et Marthod  (race rustique originaire de Savoie à la robe blanche et aux marques noires au niveau des oreilles , yeux et du museau ) agitent leur sonnailles à notre passage mais pas de patous .De jolies maisons fleuries agrémentent notre parcours et bientôt le viaduc sur la Semine qui relie Belleydoux à Giron est en vue ; il a été achevé en 1927 . Nous empruntons le sentier ludique du cirque d’ORVAZ ; le taux d’humidité est au maximum , en contrebas coule cette rivière sauvage et trépidante qui prend sa source à la Combe d’Evuaz sur la commune de la Pesse .

Le cirque d’Orvaz vous présente un spectacle inédit : 10 stations de découverte avec mobilier à tester pour faire le spectacle ( acrobatie , voltige , équilibre etc ) Nous n’essayons pas ou très peu , les sentiers sont glissants et nous pourrions bien involontairement devenir des artistes . Soudain un crachin nous oblige à sortir les capes , des fumeroles cachent les rochers mais nous gardons le moral . Nous déambulons dans le hameau d’Orvaz : une dizaine de maisons dont des résidences secondaires , un four , un lavoir , des prairies avec des vaches , le tout encerclé par les falaises . Sensation d’être protégé ou d’étouffer….. chacun son ressenti !

A présent on a bien compris qu’il va falloir monter  pendant environ une heure . Nous quittons les prés pour rentrer dans la forêt , le sentier longe un bief à sec, la pente est de plus en plus rude , les arbres dégouttent et nous aussi ! Nous transpirons sous nos pèlerines .

Un petit replat nous a fait croire que c’était gagné mais non ! nous nous engageons dans la terrible montée du facteur rendue encore plus difficile car  « çà reglisse  » Petite pause à chaque virage , plus de bavardages ,un coup de barre , des abricots secs et des amandes et çà repart ( merci Roger ) Vaille que vaille tout le monde arrive sur le plateau de « sur la Roche » mais pour le point de vue il faudra revenir ; un épais brouillard enveloppe la campagne . La colonne de fantômes recherche un abri pour manger . Première maison habitée mais personne ne répond , nous découvrons une remise mais elle est trop petite , nous rencontrons des randonneurs de Chatillon en  Michaille en perdition sur cette petite route . La pluie s’intensifie , nous poursuivons notre quête tel des migrants à la recherche d’un toit . Une gentille dame nous ouvre sa porte mais hélas pas de place pour nous recevoir . Soudain Miracle le ciel se déchire et laisse filtrer des rayons de soleil et la pluie cesse . Les gros cailloux le long du chemin font office de sièges ; on peut manger . Des génisses curieuses sont intriguées par ces humains et s’approchent mais elles sont surtout intéressées par les croquettes de Pagneul ,le pauvre n’est pas tranquille.Il est obligé de les grapiller une par une . Le soleil est revenu , nous pouvons longer les falaises prudemment ( un éboulement s’est produit en 2021 )

Nous admirons les roches d’Orvaz alt 1270 m , les murailles calcaires sont friables et laissent apparaitre des failles créées par l’érosion . Nous surplombons cet amphithéâtre et nous devinons notre itinéraire parcouru depuis ce matin . Maintenant profil descendant que du bonheur ! Nous passons au carrefour du Bugnon et j’ai une pensée émue pour mon père qui distribuait le courrier depuis les Bouchoux pour les habitants de sur La Roche côté Jura . Nous nous engageons dans un sentier humide et nous dévalons jusqu’au hameau de Gobet .

Nous prenons la direction de la chapelle Ste Anne qui veille sur les voyageurs depuis 1858 . il fait chaud alors une halte s’impose pour recharger les accus .Nous poursuivons notre périple sur les hauteurs de Belleydoux , les cultivateurs n’ont pas commencé les foins , nous surprenons un chevreuil bondissant dans les hautes herbes . Une joggeuse bavarde , nous raconte sa vie ; elle est radioactive : il faut faire gaffe ! Nous regagnons le point de départ contents et fiers d’avoir pu conjurer cette météo capricieuse et d’avoir parcouru 15 km avec un dénivelé de 550 m. Petite déception la brasserie est fermée ; nous descendons à St Germain pour nous requinquer devant une petite mousse et terminer la journée de façon conviviale .