Les sites météos consultés maintes fois sont unanimes : temps gris , risque d’averses en fin d’après midi ; » çà devrait tenir » . 11 randonneurs ont décidé » quoiqu’il en coûte » de prendre la direction de St Lupicin dans le Jura à proximité de St Claude pour participer à une rando organisée : la Godillotte du Plateau . Les parkings sont remplis , nous ne sommes pas les premiers à arriver car il faut compter 1h30 de trajet . Nous retrouvons le site des Ecuriats et l’ambiance chaleureuse des inscriptions avec une multitude de gâteaux . Nous posons sous l’arche de départ à la demande d’un photographe local » Halte là , Halte là les Bressans sont là » et c’est parti pour les 15 km en suivant les rubans de chantier jaunes et rouges .
Nous traversons les rues de St Lupicin ( moine de l’abbaye de St Claude ) église, parcs, écoles .Depuis sa fusion avec Cuttura la commune a pris le nom de Coteau du Lizon ( 2360 hab ). L’usine Bourbon depuis 1920 a contribué à sa renommée en fabriquant des objets en bois , en os, en ivoire ,puis des articles de bureau , stylos , maquettes d’avion à des fins publicitaires , rachetée en 2011 par le groupe plastivore pour se spécialiser dans des pièces autos sophistiquées . Petit à petit nous quittons le goudron pour suivre des sentiers humides et détrempés pour descendre à pic sur les gorges du Lizon . Les bâtons sont les bienvenus pour ménager nos genoux arthrosés , les pantalons de certains marcheurs sont » chocolatés » quand on se regroupe sur le pont bleu . Qui a glissé ? facile à savoir . Le torrent est bouillonnant et dégringole dans des ravins encaissés .
Maintenant il va falloir remonter ( joies de la rando ) jusqu’au village de Ponthoux : chacun son rythme , plusieurs virages permettent de se rassembler de se réhydrater et d’enlever des vestes car tout le monde transpire .Les traces sont toujours aussi glissantes mais en montée nous sommes moins stressés . Un peu plus de luminosité filtre à travers les feuillages , nous arrivons en vue des premières maisons du village .
Nous découvrons le paysage de la vallée de la Bienne avec ses vallons pris dans les bois , très peu de prés . Les moines de St Claude pourraient revenir défricher la région ! Quel plaisir de marcher sur le bitume au milieu de vieilles maisons en pierres mais à nouveau nous pénétrons dans les forêts moussues et fantasmagoriques , les sapins scolytés réduits à l’état de squelettes ajoutent encore une touche lugubre . Heureusement nos bavardages et le chant des oiseaux égaient cet univers sylvestre . Grimpettes, descentes se succèdent , cela en deviendrait monotone heureusement nous débouchons sur le chapiteau du premier ravito .
Nous reprenons des forces au pied d’un monticule de grumes de sapins , le temps de discuter avec les bénévoles et c’est reparti jusqu’au belvédère du Jai Les dernières montées sont éprouvantes et c’est avec plaisir que nous nous installons sur une table de pique nique sous un rayon de soleil qui illumine le plateau et nous permet de repérer les villages de Cuttura, St Lupicin, Lavans . L’appétit vient en mangeant et c’est l’estomac bien rempli que nous reprenons notre périple toujours en forêt mais en profil légèrement descendant . Nous nous payons encore une rude montée sur une route forestière avant de plonger sur le plan d’eau de Ravilloles .
La pente est raide et équipée de cordes et çà glisse mais personne ne chute . Nous longeons le lac en phase de remplissage jusqu’au deuxième ravito situé sous la cabane propice aux fêtes du 14 juillet . Les bénévoles sont toujours en faction et attendent les derniers randonneurs ( il y en a encore derrière nous ) , en insistant un peu , une bouteille est même ouverte en notre honneur . Après cette petite halte nous empruntons la passerelle métallique de ce barrage construit en 1910 sur le Lizon pour produire de l’électricité pour les ateliers de tourneries situés en aval .
Il est susceptible d’être détruit car il ne répond plus aux normes actuelles et ses assises donnent des signes de fatigue et l’EDF ne veut pas investir dans des travaux . Ce n’est pas sans peine que nous gravissons la colline de Ravilloles ! nous visitons ce petit bourg de 500 hab réputé pour ses tourneries ( boutons en bois ,toupies , yoyos ) . Il a été redynamisé avec la création de l’atelier des « »Savoir Faire » installé dans l’ancienne usine Bourbon . Il permet de faire connaitre les métiers d’arts régionaux ( tournerie, émail, boissellerie, lapidaire, poterie etc ) .
Nous suivons une partie du sentier des » Savoir faire » jalonné de mains baladeuses ( attention les filles ) mais non c’est de l’ART .
Le parcours est aménagé de marches et d’un platelage ( pont toupie ) et suit le torrent jusqu’au barrage de Cuttura . Ce barrage réservoir a été établi en 1903 par la société des frères Tournier ( comme celui de Ravilloles ) , industriels ingénieux originaires de Morez . Il permettait de retenir les eaux du Lizon lors des crues , de les répartir dans les ateliers de tourneries et de produire de l’électricité pour les communes voisines .
L’ancienne tournerie de pipes dont la roue à augets est visible depuis une vitre au sol est restaurée par l’association des amis de la roue du Lizon . Poursuite sur des chemins empierrés et bientôt les premières maisons émergent des frondaisons ; çà sent l’écurie ! L’arche de départ vient d’être dégonflé , les bénévoles plient les tables quand les Bressans arrivent .
Le président se fait un devoir de nous offrir un article souvenir et c’est sous quelques gouttes de pluie que nous regagnons les voitures . Nous sommes fiers d’avoir parcouru 17 km dans une ambiance chaleureuse , sur des terrains escarpés l’entraide a bien fonctionné notre devise : Tous ensemble , tous ensemble !