St Claude mardi 26 Août 2025

 

Mardi 26 Aout 7h30, les randonneurs encore ensommeillés mais motivés sont prêts à prendre la direction de St Claude capitale du Ht Jura ( 80 km de Bourg en Bresse ) . Au programme rando citadine et nature , il y aura du dénivelé ! Le parking de St Hubert sur la route de Genève dispose encore de places libres , ouf ! . Nous sommes 10 à vouloir découvrir ou redécouvrir cette ville enchâssée aux flancs des montagnes ( Mont Chabod, Roche Blanche , Cirque des Foules , Mont Bayard , montagne d’Avignon ) et située au confluent du Tacon et de la Bienne . Cet environnement pittoresque entrave le développement de la cité car trop éloignée des grands axes de circulation .

De nombreux services et usines ont fermé ou quitté la région . service maternité , chirurgie, pédiatrie et surtout fermeture de l’usine Manzoni Bouchot en 2022 qui employait encore 300 ouvriers . Déclin démographique aussi en 2019 : 9875 hab et en 2022 : 8556 hab ,la gare ferroviaire est en sursis , déserts médicaux ,bref c’les tle lot des petites villes de province en France .

Une petite fraicheur ambiante nous saisit mais pas pour longtemps , pour atteindre la rue du dessus nous gravissons un sentier pentu avec des marches inégales , nous descendons La Cueille avec vue plongeante sur la ville . Petit moment nostalgique car je me retrouve devant l’école Jeanne D’Arc où j’ai été interne de la 6ème à la 3ème . Nous arrivons devant la Sous Préfecture , la place et le musée de l’Abbaye et la cathédrale .

Lorsque nous franchissons les portes , l ‘organiste des grandes orgues est en répétition et fait ronfler les tuyaux et les claviers pour saluer notre venue bien sûr ! Cette cathédrale a été construite sur l’emplacement d’une ancienne chapelle entre 1350 et 1736 , c’est une église fortifiée à l’aspect austère avec un intérieur gothique . Le chœur est orné de stalles sculptées qui ont été détruites en partie en 1983 par un incendie et reconstruites à l’identique . Son retable est un chef d’oeuvre de la Renaissance italienne . Nous ne manquons pas de nous recueillir devant l’autel de Saint Claude où l’on peut voir une représentation en cire du Saint et quelques reliques ( doigt et avant bras gauche) .

Petit historique

La cité s’est développée autour du monastère fondé au début du 5 ème siècle par 2 frères moines et abbés : Romain et Lupicin ,D’abord appelée Condat puis St Oyand ( nom d’un abbé) et finalement St Claude , lieu de pélerinage réputé depuis la découverte du corps intact de l’abbé Claude ; les pèlerins affluent et sont à l’origine du développement de l’artisanat en bois ( chapelets, croix , statues , objets de piété ) Le roi Louis XI était un des leurs , devenu bienfaiteur de l’abbaye pour se faire pardonner d’avoir détruit la ville en 1481 .

Reprenons notre périple dans le monde actuel , nous sommes immergés dans un univers où la pipe est reine ( les grivoiseries ne sont pas autorisées ) musée de la pipe et du diamant , les poubelles sont en forme de pipes , pipe végétalisée et bientôt les magasins de souvenirs où vous trouvez des pipes à tous les prix , bon j’arrête là .Maintenant petit topo sur l’industrie de la pipe qui a débuté à la fin du 18 ème siècle , les tourneurs ont utilisé la force hydraulique des 2 rivières pour fabriquer d’abord des pipes en bois local (buis) puis en racine de bruyère plus résistante à la chaleur , cet artisanat employait 6000 pers vers 1925 ; la concurrence étrangère ( anglais) le désamour de cet objet , les crises , les campagnes anti tabac ont entrainé la chute de cette industrie . La confrérie des Maitres Pipiers met la bouffarde à l’honneur en intronisant des hommes ou femmes ambassadeurs de cette pipe .

Et le diamant me direz vous ? La première taillerie de diamants est apparue en 1876 ,un savoir faire venu d’horlogers suisses, les ouvriers étant recrutés parmi les meilleurs lapidaires qui eux taillaient des pierres précieuses sauf le diamant . Au début du 20 ème siècle on comptait 4000 ouvriers , en 1939 seulement 500 ouvriers . Actuellement ce savoir faire concerne le monde du luxe et quelques meilleurs ouvriers de France .Messieurs si vous voulez faire plaisir à votre petite amie il y a encore des joaillers .

Nous commençons vraiment la rando en empruntant les escaliers de la montée St Romain et la nouvelle fontaine aménagée en 2019 , le quartier des écoles , le collège Rosset devenu l’institution Saint Oyend à la place de la Maitrise , passage sur le pont de la Rochette et c’est le début de la longue montée ; lavoir St Charles au milieu des maisons accrochées à la montagne les unes au dessus des autres ( où sont les garages ? l’accès est réservé à des gens valides ) , petit moment de répit sur le replat avant de s’enfiler dans le chemin de l’ermitage tapissé d’aiguilles de pins et çà monte encore , le portail rouillé est entrouvert , nous contournons les ruines d’une ancienne maison et nous voilà au belvédère .

Waouh une vue générale et aérienne sur l’agglomération s’offre à nous comme si on était en hélicoptère .Après cette pause contemplative nous revenons sur nos pas pour atteindre la grotte Ste Anne , sentier un peu plus caillouteux et plus exposé ( dalle calcaire lisse )mais avec de la concentration çà passe sans problème . Dès le V éme siècle la grotte a servi d’abri à des ermites ,elle fut même fortifiée et servait d’abri face aux ennemis . Louis XI serait venu ici et grâce à l’eau miraculeuse de la source aurait recouvré la vue . Le bénitier est rempli , alors Gilbert nous asperge .Adieu lunettes , cataracte , lentilles ; les ORL et opticiens vont faire faillite .

Nous nous engageons à présent dans une longue descente sur une piste forestière pour rejoindre la petite route de Très Bayard et aussitôt nous reprenons la montée en direction de la Grange Catin , un bloc de maisons perdu au milieu des bois . Le soleil commence à taper dur alors nous faisons des petites pauses pour admirer le paysage ( Les quartiers Est de St Claude , montagne d’Avignon ) . Nous longeons de vieux vergers avec des pommes sauvages (croisons) et des terrains pentus en friche . Des pans de montagne ont été déboisés et les troncs entassés vont nous servir de bancs pour notre pique nique .

Nous reprenons la marche jusqu’au pont qui enjambe l’Abîme . Le site des gorges de ce torrent en contrebas a été interdit depuis quelques années suite à des accidents mortels et devrait réouvrir après des travaux sécurisants . Nous remontons sur un large chemin pour gagner le hameau de Vaucluse et sa petite chapelle bien entretenue et ouverte . Nous sommes obligés d’emprunter la route goudronnée heureusement en profil descendant et en majorité ombragée , nous traversons 2 fois la route des lacets de Cinquétral bien ensoleillée et nous faisons un arrêt au carrefour de Diesle pour nous ravitailler ( point de deal ? ) mais personne en vue …… La descente continue sur la route de la Crozate ( fermes maisons bourgeoises ) jusqu’au pont de la Serre où des cris stridents retentissent au niveau du torrent .

En contrebas du pont , des ados plongent depuis un éperon rocheux dans une vasque de l’Abîme , c’est à celui qui fera la plus belle figure ; ils nous font peur ! Le quartier de la Glacière était un lieu de stockage de glace autrefois , on apprécierait bien quelques glaçons avant de remonter au parc du Truchet ! le kiosque est utilisé pour les concerts d’été . La statue de Voltaire a été édifiée en son honneur car avec l’avocat sanclaudien Christin ils se sont battus pour abolir « la Main morte « et défendre ainsi les serfs du Ht Jura qui étaient asservis par les moines de l’Abbaye . le nouveau monument aux morts érigé en 1972 avec un ensemble de plaques nominatives rappelle que la ville a payé un lourd tribu lors des guerres .

Petit aperçu du Pont de Pierres qui dessert la gare et le quartier des Avignonnets ; nous sommes maintenant sur la Place du Pré avec sur la droite l’esplanade de l’école de musique ( anciens Bains Douches ) avec une vue plongeante sur la Bienne et les friches industrielles .

Comment ignorer à gauche la plus grosse pipe et le plus gros diamant du monde ? La place du 9 avril 1944 rappelle la rafle de la Gestapo ( 302 hommes ont été déportés et 186 ne sont jamais revenus ) des pavés de bronze avec leurs matricules ont été placés devant la stèle .

Nous poursuivons notre balade citadine : salle des sports , parking des Religieuses, et bien sûr la Rue du Pré où tous les commerces (ce qu’il en reste ) se concentrent , mais nous préférons les arrières de la ville et les rues en pente adjacentes à la rivière . Les hautes maisons sont suspendues au rocher et sont peu mises en valeur .Un bâtiment se distingue par sa hauteur c’est la Fraternelle devenue la Maison du Peuple ; une société coopérative avec 118 sociétaires qui regroupaient épiceries , restaurant, cinéma , salles de réunion , pharmacie mutualiste etc a joué un rôle important pendant la guerre de 1940 en ravitaillant les maquisards et en imprimant des tracts .

Nous débouchons sur le Pont Central ou pont payant jusqu’en 1961 ( à quelques années près ! ) , à proximité la place des Carmes( ancien couvent ) et sa chapelle Expiatoire au clocher byzantin érigée en 1869 pour expier la faute des révolutionnaires qui brûlèrent le corps de St Claude . Nous empruntons la rue de la Poyat à mi pente en travaux ( merci aux ouvriers d’avoir facilité notre passage ) Cette rue est connue pour sa forte déclivité ,elle reliait les bas quartiers du faubourg au haut de la ville . Nous terminons par la Grenette et la place Louis XI qui domine les anciens remparts et le grand Pont qui a remplacé le pont suspendu en 1939 . Voilà un petit aperçu de la cité et à présent il faut conclure ce périple devant une boisson rafraichissante chez Marcel en face de la cathédrale .

Les cloches sonnent à la volée à la sortie d’un enterrement et se mêlent aux pinpons des pompiers que nous auront entendus toute la journée : sur le coup des 16h St Claude s’éveille et nous nous sommes un peu fatigués après 15km et 500m de dénivelé mais contents d’avoir découvert St Claude sous un autre angle .